Les Dubé de Jean Dubès dit Delorme
Les mentions de cet ancêtre
Si nos recherches nous permettent d'affirmer que la quasi-totalité des Dubé vivant en Amérique du Nord descendent de Mathurin Dubé et de Marie Campion, il ne faut pas oublier qu'il existe une autre branche de Dubé : les Dubé qui sont des descendants de Jean Dubès. Le même personnage a également une descendance qui porte le nom de Delorme. Pierre Delorme a publié dans les numéros 8, 9 et 10 du bulletin Le Bé plusieurs informations relatives à ces groupes différents de descendants issus d'un ancêtre commun. Il était surtout inspiré par les fiches de famille compilées par le chanoine Napoléon Delorme à partir des registres du diocèse de Saint-Hyacinthe et publiées en juin 1944 et octobre 1957 dans les Mémoires de la Société généalogique canadienne-française. D'autres chercheurs, dont l'abbé J.-B.-A. Allaire dans son Histoire de la paroisse Saint-Denis-sur-Richelieu et Jacques Saintonge, dans le numéro 4 de la collection Nos Ancêtres, ont aussi attiré l'attention sur les mêmes familles.
Ses origines en France
Selon le fichier Origine, Jean Dubès serait né vers 1730 à Ygos-Saint-Saturnin (Landes) où ses parents, Pierre Dubès, chirurgien, et Jeanne Maubourguet se sont épousés le 3 juillet 1726. Une correspondante française, Mme Michèle Saumande, a fait parvenir à Pierre Delorme des renseignements sur l'origine de son ancêtre qui sont mentionnés dans le numéro souvenir du Le Bé publié en août 2000. Cette correspondante a obtenu des Archives départementales des Landes une copie de l'acte de baptême d'un Pierre Dubès qui serait probablement le père de Jean Dubès. Ce Pierre, fils de Jean Dubès et de Marie Péric, est né le 5 février 1703 et a été baptisé le lendemain à Ygos-Saint-Saturnin. Mme Saumande a aussi obtenu une copie de l'acte de sépulture de « Pierre Dubès, chirurgien, époux de Catherine Destugoure », décédé au même endroit le 28 janvier 1744. Il est fort plausible que ce Pierre ait eu plus d'une épouse. La première, probablement décédée en bas âge, serait la mère de Jean Dubès. De plus, Mme Saumande a découvert à la Bibliothèque militaire de Vincennes le Registre des noms des soldats du second bataillon du régiment de la Reine. Ce régiment comprenait « 13 compagnies, dont la compagnie Monceau de Jean Dubès. Jean Dubès dit Lalancette, natif de Digos en Gascogne, juridiction de Mont de Marsan, fils de Pierre et ne sachant point le nom de sa mère. Âgé de 23 ans, taille 5 pieds 4 pouces et demi cheveux et sourcils chastins, les yeux bleus; marqué de petite vérolle. Enrollé pour six ans le 18 avril 1751 ». L'ignorance du nom de sa mère est ici assez révélatrice et pourrait confirmer qu'il ne l'avait pas vraiment connue.
L'arrivée au pays de Jean Dubès
Selon certains auteurs, Jean Dubès serait arrivé au pays à la fin du régime français, plus précisément en 1758, comme soldat du régiment de la Reine, compagnie de Comps ou de Lecomte. Cependant, selon la base de données connue sous le titre de fichier Origine, sa présence au pays a été mentionnée pour la première fois en 1755. Cette date nous semble plus plausible, si on réfère à l'histoire de ce régiment. En effet, il faisait partie d'un convoi qui a quitté le port de Brest le 3 mai 1755 pour apporter des renforts vers le Canada et Louisbourg. Après un voyage mouvementé, incluant des affrontements avec des navires anglais, une partie du régiment arrive à Québec le 22 juin. Entre 1755 et 1760, ces soldats seront engagés dans diverses batailles. Après le conflit, certains d'entre eux, dont Jean Dubès, demeurent au Canada. La base de données du Programme de recherches en démographie historique de l'Université de Montréal (P.R.D.H) mentionne un certificat fourni le 6 janvier 1761 par le missionnaire Frichet, faisant offices curiales en la paroisse Saint-Denis-sur-Richelieu, dans lequel Jean Dubès Delormes et Joseph Trigane Laflèche, soldats de la compagnie de Comps, régiment de la Reine, attestent de la liberté du futur époux Joseph Viau Laliberté, soldat de la même compagnie. C'est la première fois que le surnom Delorme apparaît en lien avec lui. Si les divers indices concernent bien le même individu, Jean Dubès aurait donc troqué, peu après son arrivée en Nouvelle-France, son surnom Lalancette pour celui de Delorme.
Le mariage de Jean Dubès
Le 10 janvier 1766, Jean Dubès, âgé de 30 ans, de la paroisse de l'Immaculée-Conception du Petit Saint-Ours sur la rivière Richelieu et Marianne Martin, âgée de 25 ans, fille de Jean Martin passent une convention de mariage devant le notaire royal Louis-Simon Frichet. Dans ce contrat, Jean Dubès déclare être originaire d'Ygos, Saint-Saturnin, diocèse de Dax, en France. Quelques jours plus tard, le 13 janvier, le curé Jean-Baptiste Frichet, frère du précédent, bénit à Saint-Denis-sur-Richelieu, le mariage de « Jean Dubès, fils de Pierre Dubès et de Marie Bourgatte de la paroisse de Saint Higoni Diocèse d'Ax de la haute Guennes » et de « Marie Anne Martin, fille de Jean Baptiste Martin et de défunte Marie Anne Deslauriers dite Renau.» On observe quelques constantes dans les descriptions comme le prénom de son père et le diocèse de Dax. Il fournit un nom pour sa mère qui a une vague connotation phonétique avec Maubourguet. Le décès de son père n'est pas mentionné, même si théoriquement il aurait dû le savoir avant de quitter le sol de France. Il faut aussi observer que le surnom Delorme n'apparaît pas dans ces textes.
Jean Dubès dit Delorme à Saint-Denis-sur-Richelieu
L'origine du surnom Delorme demeure énigmatique même si Pierre Delorme a fait un lien intéressant avec la seigneurie d'Hyacinthe Delorme qui, située sur la rivière Yamaska, se trouvait finalement à une faible distance de Saint-Denis. Il renforce son argumentation en signalant que d'autres familles comme Riel, Hénault, Lirlande et Vasseur, vivant dans le diocèse de Saint-Hyacinthe, ont aussi adopté le surnom Delorme. Ce nom de seigneur avait donc quelque chose d'attrayant dans la région.
Il semble qu'à partir de 1761, Jean Dubès se soit d'abord établi à Saint-Ours comme le stipulent des documents mentionnés précédemment. Selon l'abbé Allaire, Jean Baptiste Dubès dit Delorme, s'est ensuite établi à Saint-Denis. Ceci est confirmé par les registres dès le baptême de son fils aîné Jean-Baptiste en octobre 1766. Ce baptême a lieu à Saint-Antoine, mais il est écrit que les parents sont de Saint-Denis. Selon le même auteur, il y aurait été d'abord marchand. Nous n'avons pas de preuves pour corroborer ses dires. Il déclare aussi qu'il serait devenu médecin à partir de 1774. Si le terme «chirurgien» utilisé dans les registres des naissances pour le désigner est bien synonyme de médecin, on peut accepter cette affirmation. était-ce le résultat d'apprentissages récents ou simplement une tentative faite par lui de se replacer dans la continuité de la profession pratiquée par son père? N'est-il pas possible que le surnom de Lalancette, qu'il aurait porté une partie de sa vie, ne puisse être associé à ce métier de chirurgien?
à la fin de cet acte de baptême du dernier enfant du couple Jean Dubès, appelé ici Jean-Baptiste, chirurgien et de Marie-Anne Martin qu'on retrouve au registre de Saint-Denis-sur-Richelieu, on reconnaît très distinctement la signature habituelle du père. Contrastant avec de nombreux autres actes, Jean Dubès est toujours présent au baptême de ses enfants et signe le document au registre. Ce fils Charles, né en 1785, aura une descendance.
Jean Dubès est présent et signe comme tel le registre lors de la naissance de chacun de ses enfants même si on l’appelle parfois Jean-Baptiste et qu’on ajoute occasionnellement son surnom Delorme. Le 30 mars 1789 est inhumé dans le cimetière de Saint-Denis « le corps de Jean Dubès dit Delorme chirurgien époux de Marie Anne Martin, natif de Dax évêché de Guenne, décédé en cette Paroisse la nuit du vingt-huit au vingt-neuf de ce mois, âgé de cinquante neuf ans environ, muni des sacrements de l’église. » à partir de ces éléments une conclusion s’impose. Il n’y eut jamais de son vivant confusion entre son patronyme Dubès et celui de Dubé utilisé plus tard pour identifier ses descendants.
à la fin de cet acte de baptême du dernier enfant du couple Jean Dubès, appelé ici Jean-Baptiste, chirurgien et de Marie-Anne Martin qu'on retrouve au registre de Saint-Denis-sur-Richelieu, on reconnaît très distinctement la signature habituelle du père. Contrastant avec de nombreux autres actes, Jean Dubès est toujours présent au baptême de ses enfants et signe le document au registre. Ce fils Charles, né en 1785, aura une descendance.
La descendance de Jean Dubès dit Delorme
D'après les registres paroissiaux consultés, Jean Dubès dit Delorme et Marie-Anne Martin sont devenus les parents de 13 enfants dont 8 ont atteint l'âge adulte. Deux enfants ont été baptisés à Saint-Antoine, le baptême de Marguerite n'est pas localisé et les autres eurent lieu à Saint-Denis. Trois fils - Jean-Baptiste, Joseph et Charles – se sont mariés et devaient assurer la transmission du patronyme. Très rapidement le nom Dubès est abandonné. Aucun des enfants ne signant son nom au moment du mariage, dès que ceux-ci quittent la zone immédiate de Saint-Denis, les officiants vont changer Dubès pour Dubé. Joseph qui se marie à Saint-Hyacinthe (1802) et Charles qui prend épouse à Sainte-Geneviève de Berthier (1808) deviennent immédiatement des Dubé dit Delorme au registre. Le même sort attendait tous les enfants de Jean-Baptiste, le fils aîné de Jean Dubès, et de son épouse Élisabeth Breault à compter de 1814. Identifiés de la sorte, il ne peut y avoir confusion avec la descendance de Mathurin.
Apparaissait toutefois la possibilité que l’un ou l’autre patronyme disparaisse à son tour dans l’identification des générations suivantes. À partir du moment où ce fut un fait accompli et selon nos estimations actuelles, il semble que ce sont les Delorme qui dominent parmi les descendants de Jean Dubès. Les Dubé se situent surtout, sinon exclusivement, parmi les descendants de Joseph et Marie-Anne Deslauriers. Ces derniers se sont installés à Saint-Hilaire dans la vallée du Richelieu. Leurs enfants y seront baptisés Dubé dit Delorme, mais au moment de leur mariage ils sont devenus uniquement des Dubé. Leurs descendants vont s’établir surtout en Montérégie. Dès que des descendants de Jean Dubès portent exactement le même patronyme que ceux de Mathurin, la confusion s’installe entre les deux lignées. Il nous a fallu plus d’une fois confronter ce problème lors de la préparation du répertoire sur Les Descendants de Mathurin Dubé et Marie Campion publié par l’Association des Dubé en 2006. Même si nous ne pouvions inclure les descendants de Jean Dubès dans cette publication, nous avons tout de même compilé quelques dizaines de ces mariages dans le cadre de notre enquête et ils sont présentés dans la section du site réservée à nos membres.
Nicole Delorme-Moreau est une descendante de Jean Dubès et une membre fidèle de l'Association des Dubé depuis 1998. Elle est rattachée à son ancêtre par Charles, le dernier enfant né en 1785 du couple Jean Dubès et Marie-Anne Martin. Charles a vécu longtemps à Berthier-en-Haut puisqu'il y épouse en 1808 Apolline Coutu et en 1825 Thérèse Boivin. Nicole descend de ce second mariage de Charles.